Beauty Calibrator est un projet en cours de réalisation qui active les archives des traitements esthétiques du début du XXe siècle, notamment à partir de la création d’un maquillage idéal hollywoodien conçu par Max Factor, également inventeur de la machine Beauty Calibrator, un dispositif métallique destiné à mesurer précisément les proportions du visage féminin afin d’en corriger les “imperfections”. Dans les images que je collectionne, les femmes sont soumises à des dispositifs qui mesurent et modèlent leur visage pour le conformer à un idéal. Certains instruments, comme cette machine ou les masques dits thérapeutiques — parfois électriques ou radioactifs — évoquent des engins de torture, tout droit sortis d’un film de science-fiction.
Cette quête d’un visage parfait ne disparaît pas, elle évolue. Aujourd’hui, l’injonction à rester jeune pour toujours s’impose à travers des formes plus subtiles : soins esthétiques non invasifs, crèmes, masques “rajeunissants”, filtres numériques, tutoriels en ligne. Ces pratiques, largement diffusées sur les réseaux sociaux, rendent accessibles à toutes des méthodes pour se rapprocher d’un idéal toujours imposé.
Bien que ces dispositifs modernes n’aient plus l’apparence de machines oppressantes, la pression esthétique reste forte, souvent masquée par des formes ludiques ou banalisées. Qui impose cet idéal ? Comment relire l’histoire du canon féminin pour en dévoiler l’absurdité ? Les écrans hollywoodiens ont été pionniers dans la diffusion de normes inatteignables, aujourd’hui traduites en filtres et injections.
Pour activer cette archive, j’ai réalisé une série d’autoportraits et de photomontages en mêlant ces images historiques à ma propre image. Ce travail en cours vise à constituer une archive contemporaine qui fasse écho à ces débuts de l’idéal cinématographique, tout en questionnant les injonctions actuelles. Ces normes, bien qu’évolutives, restent façonnées par un regard masculin et s’éloignent d’un imaginaire visuel féministe.